Sous un Soleil de Plomb et de Mercure
DU 05 AU 30 JUILLET
S’il existe une matière unique à la ville, elle se trouve probablement dans le chaos organisé de la construction, dans un amalgame de bois, d’acier et de béton. Au cœur du chantier, les matériaux ne se distinguent plus de par leurs noms ou propriétés scientifiques mais de par leurs actions. Les matériaux agissent tel un concert alchimique où il devient plus important de savoir ce que la matière peut faire avant de savoir ce qu’elle est. Exister “en construction” est un état d’évolution constant vers un nouveau potentiel.
Cette exposition regroupe le travail de quatre artistes: Alice Zerini-le Reste, Cristel Silva, Dexter Barker-Glenn, Doug Dumais, ayant précédemment participé à Artch, un incubateur pour les artistes émergents en art contemporain à Montréal. Les œuvres choisies offrent un aperçu de cette matière qui n’existe que pour devenir le prochain pont, la prochaine tour, le prochain condominium du centre ville- des matériaux perdus dans les limbes. Dans cette exposition, le développement urbain nous apparaît sous une nouvelle forme séduisante et poétique, le poids des matériaux soudain s’affaissent pour donner lieu à un chantier des possibles.
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Under a sun of lead and mercury
If there is a material unique to the city, it is likely to be found in the organized chaos of urban construction, as an amalgamation of wood, steel and concrete. In the heart of construction sites, the materials are no longer distinguished by their names or scientific properties, but by their actions. The materials act in alchemical concert, in which it becomes more important to know what matter can do rather than know what it is. To be ‘under construction’ is to be in a constant process of becoming something other than itself.
This exhibition brings together the work of four artists: Alice Zerini-le Reste, Cristel Silva, Dexter Barker-Glenn, Doug Dumais, who previously participated in Artch, an incubator for emerging contemporary artists in Montreal. The selected works offer a glimpse into these materials which exist only to become the next bridge, glass tower, or downtown condominiums- materials in limbo. In this exhibition, urban development appears to us under a seductive and poetic new guise: the weight of the materials have collapsed to give rise to a site of the possibles.
COMMISSAIRE/ CURATOR :
ALFRED MUSZYNSKI
Alfred Muszynski est un artiste et commissaire diplômé de l’université Concordia en Studio Arts. Il a été commissaire d’exposition pour Art Matters, Artch, Art Souterrain et Le Livart. Il a aussi participé à plusieurs expositions collectives. Son travail a récemment été présenté dans l’exposition Do Not Research à Lower Cavity (Holyoke, MA).
Alfred Muszynski est un artiste multidisciplinaire travaillant principalement avec le numérique et la peinture. Il s’intéresse aux thèmes du sacré et de sa place au sein des nouvelles technologies. Sa méthodologie implique un travail ‘in-situ’ au sein de différents jeux vidéo, où il y effectue de la recherche et des expérimentations performatives. Son travail tente de révéler notre relation à la matière simulée et cherche à en susciter des questionnements spirituels et théologiques.
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Alfred Muszynski is an artist and curator with a degree in Studio Arts from Concordia University. He has curated exhibitions for Art Matters, Artch, Art Souterrain and Le Livart. He has also participated in several group exhibitions. His work was recently featured in the exhibition Do Not Research at Lower Cavity (Holyoke, MA).
Alfred Muszynski is a multidisciplinary artist working primarily with digital media and paint. He is interested in themes of the sacred and its place within new technologies. His methodology involves ‘in-situ’ work in various video games, where he conducts research and performative experiments. His work attempts to reveal our relationship to simulated matter and seeks to raise spiritual and theological questions.
ARTIST.E.S
Alice Zerini-le Reste,
Cristel Silva,
Dexter Barker-Glenn,
Doug Dumais,
Détail, Le pont (entre-deux), 2022, sauce tomate, farine et agar agar sur porcelaine crue.
Démarche du projet Le Pont (entre-deux)
Le pont (entre-deux) est un projet s’inspirant de photographies d’archives représentant le Pont Jacques-Cartier durant sa construction. À partir de cette ossature iconique, des duos de dessins ont été gravés dans la porcelaine crue et scellés dans un boitier en plexiglass. Durant trois semaines, différentes matières organiques incrustées dans les traits du dessin ont moisies, donnant lieu à un dessin se transformant et performant au fil du temps. Ces archives nouveau genre empruntant au format stéréoscopique, offrent une réflexion sur l’état intangible de transformation et d’intermédiaire entre le construit et le non-construit. À travers cette documentation alternative, l’objet s’éloigne de l’architecture, on en revient aux lignes simples, organiques et poétiques du bâti.
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The Bridge (in-between) project approach
The Bridge (in-between) is a project inspired by archival photographs of the Jacques Cartier Bridge during its construction. From this iconic framework, duos of drawings were engraved in raw porcelain and sealed in a plexiglass case. Over a period of three weeks, various organic materials embedded in the lines of the drawing have molded, resulting in a drawing that transforms and performs over time. This new kind of archive, borrowing from the stereoscopic format, offers a reflection on the intangible state of transformation and intermediary between the built and the unbuilt. Through this alternative documentation, the object moves away from architecture, we return to the simple, organic and poetic lines of the built.
ALICE ZERINI – LE RESTE
Artiste multidisciplinaire, Alice Zerini-Le Reste (elle) explore principalement la céramique, le dessin et la photographie. Originaire de Tiotià:ke / Montréal, son terrain de création est toutefois mobile et son travail résulte d’une rencontre avec le paysage exploré. Son travail dialogue avec l’architecture, la matérialité et la mémoire collective.
La démarche d’Alice Zerini-Le Reste s’exprime par l’expérimentation, la déconstruction et la transformation. Elle utilise le hasard comme outil et partenaire créatif pour générer des résultats imprévisibles et précaires mettant de l’avant la matérialité de la céramique. Explorant la série, ses œuvres suivent des lignes simples, spontanées et vertigineuses. Elle s’intéresse à la magnificence de certains objets manufacturés et aux chevauchements ambigus qui peuvent exister entre le passé et le présent, le mécanique et l’organique, l’imaginaire et le réel. Entrecroisant l’architecture, le design et le territoire, elle examine la mémoire collective pour en extraire une narration alternative, humoristique et critique, se situant entre le travail d’archiviste et celui d’artiste.
Récipiendaire du prix Louise Paillé en 2022, du prix Cecil Buller-John J.A. Murphy en 2021 et de l’Intercollégial d’arts visuels en 2017, elle a exposé notamment dans le cadre de NCECA en Californie, ARTCH à Montréal ainsi qu’à la galerie Projet Casa, au Livart et au Lobe. Artiste engagée, elle s’implique tant au niveau universitaire que dans divers organismes communautaires, et collabore à différents évènements et publications artistiques.
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A multidisciplinary artist, Alice Zerini-Le Reste (she) explores mainly ceramics, drawing and photography. Originally from Tiotià:ke / Montreal, her creative terrain is however mobile and her work results from an encounter with the explored landscape. Her work is in dialogue with architecture, materiality and collective memory.
Alice Zerini-Le Reste’s approach is expressed through experimentation, deconstruction and transformation. She uses chance as a tool and creative partner to generate unpredictable and precarious results that emphasize the materiality of ceramics. Exploring the series, her works follow simple, spontaneous and dizzying lines. She is interested in the magnificence of certain manufactured objects and the ambiguous overlaps that can exist between the past and the present, the mechanical and the organic, the imaginary and the real. Interweaving architecture, design and territory, she examines collective memory to extract an alternative, humorous and critical narrative, situated between the work of an archivist and an artist.
Recipient of the Louise Paillé Award in 2022, the Cecil Buller-John J.A. Murphy Award in 2021 and the Intercollegiate Visual Arts Award in 2017, she has exhibited at NCECA in California, ARTCH in Montreal, as well as at Projet Casa Gallery, Livart and Lobe. A committed artist, she is involved both at the university level and in various community organizations, and collaborates on various artistic events and publications.
Dessin sur scie ronde : porcelaine, 2022, porcelaine, crayons de sous- glaçure, glaçure et garnottes.
Démarche du projet Dessin sur scie ronde
Dessin sur scie ronde agit comme une superposition entre l’abstrait et le figuratif, le précieux et l’ordinaire, la douceur et la brutalité. Chacune des œuvres de la série témoigne d’un moment où la scie ronde n’est plus outil mais matière-support. Aux formes dentelées s’ajoutent textures et traits organiques qui, présenté tel un objet de collection, insère l’outil dans une posture délicate et insolite.
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Approach to the project Drawing on a round saw
Drawing on a round saw acts as a superposition between the abstract and the figurative, the precious and the ordinary, the softness and the brutality. Each of the works in the series bears witness to a moment when the round saw is no longer a tool but a material-support. To the jagged forms are added textures and organic lines which, presented like a collector’s item, insert the tool in a delicate and unusual posture.
Dans son travail, Cristel Silva conçoit le territoire habité comme un ensemble de couches
historiques qui modèlent et normalisent les systèmes de pouvoir au sein des sociétés. Plus précisément, elle s’intéresse à la présence de la nature dans la ville comme moyen de segmentation des structures d’oppression telles que le colonialisme et le capitalisme. Ses œuvres traduisent des expériences personnelles vécues dans les espaces inoccupés qu’on retrouve dans le territoire mohawk non-cédé Tiohtià:ke (Montréal). Ces espaces délaissés favorisent un écosystème hébergeant une nature native qui éprouve des changements constants; ils représentent le néant à l’intérieur du flux des villes, l’état d’inaction face à une société productiviste. À l’aide de relevés de type scientifique qui s’inscrivent dans une démarche méthodique (exploration du terrain, prise d’échantillons, recherche d’archives, collecte d’images et d’objets trouvés, etc.) l’artiste génère une analyse formelle de la biodiversité retrouvée dans ces endroits. Cristel Silva utilise ces observations comme le fond d’une approche plastique multidisciplinaire qui comprend les médiums du textile, de la photographie et des techniques d’impression; elle établit ainsi une succession entre des images rappelant visuellement l’illustration scientifique et des repères symboliques autoréférentiels.
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In her work, Cristel Silva conceives the inhabited territory as a set of historical layers that shape and normalize systems of power within societies. Specifically, she is interested in the presence of nature in the city as a means of segmenting structures of oppression such as colonialism and capitalism. Her work reflects personal experiences in the unoccupied spaces found in the unceded Mohawk territory of Tiohtià:ke (Montreal). These abandoned spaces foster an ecosystem of native nature that is constantly changing, representing the nothingness within the flow of cities, the state of inaction in the face of a productivist society. Using scientific-type surveys that are part of a methodical approach (exploration of the terrain, taking samples, researching archives, collecting images and found objects, etc.) the artist generates a formal analysis of the biodiversity found in these places. Cristel Silva uses these observations as the background for a multidisciplinary plastic approach that includes the mediums of textile, photography and printing techniques; she thus establishes a succession between images visually reminiscent of scientific illustration and self-referential symbolic markers.
Cristel Silva
Artiste diplômée de l’UQAM en arts visuels et médiatiques, Cristel Silva s’intéresse à la notion de territoire et à comment celui-ci mène une réflexion sur l’identité individuelle et collective. Son travail multidisciplinaire comprend les médiums du textile, de la
photographie et de l’installation et se rapporte surtout à la nature dans les métropoles
comme moyen de fragmentation des structures de pouvoir. Elle a participé à plusieurs
expositions collectives et ses œuvres ont été présentées aux ateliers Jean Brillant, à la
galerie GHAM & DAFE, ainsi qu’à la Galerie de L’UQAM. Originaire du Mexique, Cristel vit et travaille à Montréal.
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Cristel Silva is an artist with a degree in visual and media arts from UQAM. She is interested in the notion of territory and how it leads to a reflection on individual and collective identity. Her multidisciplinary work includes the mediums of textiles, photography and photography and installation, and focuses on nature in the metropolis as a means of fragmenting as a means of fragmenting power structures. She has participated in several group exhibitions and her work has been presented at the Jean Brillant studios, the GHAM & DAFE gallery, as well as at the Galerie de L’UQAM. Originally from Mexico, Cristel lives and works in Montreal.
Prima materia (Untitled 1),Dessin, Crayon couleur sur papier, 8,5 x 5,5 in, 2018
Prima materia (Untitled 3), Dessin, Crayon couleur sur papier, 8,5 x 5,5 in, 2018
Ces photographies ont été prises au cours de trois étés pendant les vacances de la construction à Montréal, lorsque, pendant deux semaines chaque année, les espaces les plus bruyants de la ville deviennent soudainement silencieux. Cette série se concentre sur les contrastes au sein de ces environnements. À côté d’équipements industriels solides, lourds et inertes, on peut trouver des tissus doux flottant dans la brise, des animaux sauvages et des exemples de créativité sculpturale involontaire. Imprégnées de ces tensions, ces photographies représentent des moments d’immobilité au milieu d’une transformation urbaine rapide, offrant au spectateur le temps et l’espace pour contempler le potentiel latent d’un travail inachevé et d’un changement arrêté.
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Dumais manipule ses images en les superposant à des peintures historiques, en les éclairant avec de la poésie illisible ou en les obscurcissant avec du verre dépoli. S’engageant dans un jeu ludique de téléphone brisé entre le monde observable, l’appareil photo, le processus d’édition et le « monde réel » des spectateurs, l’œuvre de Dumais poursuit imprudemment les doubles prises. En manipulant subtilement les photographies, Dumais transforme ses images en outils pour explorer les mystères et les concepts abstraits qui se trouvent immédiatement au-delà des horizons du langage et de la représentation.
Le but de ses manipulations photographiques est de permettre aux lieux ambiants, négligés et oubliés de l’environnement bâti et naturel de prendre de l’espace, et d’encourager les spectateurs à devenir profondément conscients – et à faire face – aux changements omniprésents qui se produisent autour d’eux.
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These photographs were taken over the course of three summers during Montreal’s construction vacations, when, for two weeks each year, the noisiest spaces in the city suddenly become silent. This series focuses on the contrasts within these environments. Alongside solid, heavy and inert industrial equipment, one can find soft fabrics floating in the breeze, wild animals and examples of unintentional sculptural creativity. Imbued with these tensions, these photographs represent moments of stillness in the midst of rapid urban transformation, offering the viewer time and space to contemplate the latent potential of unfinished work and arrested change.
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Dumais manipulates her images by layering them on top of historical paintings, lighting them with illegible poetry or obscuring them with frosted glass. Engaging in a playful game of broken telephone between the observable world, the camera, the editing process, and the « real world » of viewers, Dumais’ work recklessly pursues double-takes. By subtly manipulating photographs, Dumais turns his images into tools for exploring the mysteries and abstract concepts that lie immediately beyond the horizons of language and representation.
The goal of his photographic manipulations is to allow the ambient, neglected and forgotten places of the built and natural environment to take up space, and to encourage viewers to become acutely aware of – and confront – the ubiquitous changes occurring around them.
Doug Dumais
Doug Dumais est un artiste photographe basé à Charlottetown, Epekwitk/Île-du-Prince-Édouard qui documente des espaces subissant des changements radicaux tels que des chantiers de construction, des rivages en érosion et des institutions publiques.
Dumais est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art de l’Université Concordia (2019). Il a exposé à ARTCH Montréal, à la Galerie La Castiglione, à this town is small, et a une prochaine exposition à la Galerie d’art de l’hôtel de ville d’Ottawa.
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Doug Dumais is a photographic artist based in Charlottetown, Epekwitk/Prince Edward Island who documents spaces undergoing radical change such as construction sites, eroding shorelines and public institutions.
Dumais holds an MFA in Art History from Concordia University (2019). He has exhibited at ARTCH Montreal, Galerie La Castiglione, this town is small, and has an upcoming exhibition at the Ottawa City Hall Art Gallery.
Construction Holiday #17Ink jet print on Moab, Entrada Rag Bright 300, Printed at Photosynthèse and framed at Martin Schop, 12,9 x 18,7 in., 2022
Les images ont constamment besoin d’être réparées et entretenues. Elles portent les marques de contextes anciens et d’histoires d’utilisation. Les traces d’érosion et de restauration se retrouvent non seulement dans les sujets de cette série, mais aussi dans la manipulation de la peinture et la structure en patchwork des toiles. Les marques sur Les marques sur ces objets et matériaux inanimés évoquent des corps actifs, des vies passées et des transformations inévitables. transformations inévitables.
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Images are in constant need of repair and maintenance. They bear the marks of ancient contexts and histories of use. Traces of erosion and restoration are found not only in the subjects of this series, but also in the handling of the paint and the patchwork structure of the canvases. The marks on these inanimate objects and materials evoke active bodies, past lives and inevitable transformations.
Dexter Barker-Glenn
Dexter Barker-Glenn est un artiste multidisciplinaire basé dans le territoire non cédé de Tiohti:áke (Montréal) et Tkaronto (Toronto). Il vient de terminer son diplôme de premier cycle en arts plastiques avec une mineure en informatique à l’Université Concordia. Studio Arts avec une mineure en informatique à l’Université Concordia. Dexter s’intéresse aux produits de désirs croisés, offrant des objets coincés entre de multiples fonctions. Souvent souvent le contraste entre la production industrielle et artisanale, son travail questionne les limites du personnel et de l’intime. et de l’intime. Entre autres expositions, Dexter a présenté des œuvres à Project Casa, Cache Studio, ARTCH à Montréal et The Plumb à Toronto.
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Dexter Barker-Glenn is a multidisciplinary artist based in the unceded territory of Tiohti:áke (Montreal) and Tkaronto (Toronto). He recently completed his undergraduate degree in Studio Arts with a minor in Computer Science at Concordia University. Studio Arts with a minor in Computer Science at Concordia University. Dexter is interested in the products of intersecting desires, offering objects caught between multiple functions. Often contrasting industrial and artisanal production, his work questions the boundaries of the personal and the intimate. Among other exhibitions, Dexter has presented work at Project Casa, Cache Studio, ARTCH in Montreal and The Plumb in Toronto.
Wheeze, Oil on Canvas, wood, 24” x 36”, 2022.