El Topo
El Topo est un photographe documentaire basé à Montréal. Il a fait des études en enseignement des arts visuels et médiatiques. Ses œuvres ont été exposées dans des galeries à l’international.
Sa pratique se rattache à la photographie directe et de rue (street photography). Influencé par des artistes tels que Robert Frank, William Klein, Daido Moriyama et Diane Arbus, il documente crûment l’espoir et le désespoir des habitants du quartier Hochelaga-Maisonneuve, situé dans l’est de la ville. Lui-même résidant de l’arrondissement depuis plus d’une dizaine d’années, il capture les habitudes et l’environnement des citoyens en parcourant les rues, les bars, les ruelles et les trottoirs où la beauté et la laideur coexistent tranquillement. À travers l’accumulation d’images prises en rafale et sur le vif, accordant une place centrale à l’imprévu, il cumule une matière brute dans laquelle il glane des instants de grâce qui font ressortir les particularités du milieu observé.
Les qualités plastiques de ses photographies accentuent l’urgence du moment et contribuent à révéler les traces d’un passé populaire qui s’efface lentement, en proie à l’inexorable processus de gentrification qui affecte ce secteur de Montréal. Le noir et blanc granuleux se mélange aux textures des nombreux paysages urbains comme des couches de sédiments qui viennent progressivement recouvrir les derniers espaces de visibilité des natifs d’Hochelaga. L’éclairage naturel (lumières des lampadaires dans la nuit, rames du métro, reflets, noirceur) ainsi que les cadrages inusités (angles, plan cassé, etc.) illuminent les vestiges de cette foule hétéroclite et colorée qui était le cœur et l’âme de ce coin de la ville.
L’énergie qui se dégage des clichés présentés dans cette exposition est celle d’une symphonie urbaine. Elle émane de la rue qui est à la fois le sujet et l’atelier de l’artiste. Le rythme frénétique, singulier, vivant, est à l’image des êtres et des lieux plus grands que nature qui animent la rue Ontario. Chacune des images est un hommage aux rêves, aux désirs et aux problèmes qui caractérisent la vie ordinaire. En fixant son objectif sur ces marques invisibles, voire ignorées, du quotidien, El Topo transcende le caractère documentaire de la photographie pour atteindre une forme de réalisme poétique.