Monter des montagnes

 

Tout commence par un voyage solo parmi les Alpes suisses. L’espoir de faire le plein de montagnes et le vide ailleurs. L’accumulation d’une centaine de clichés en noir et blanc. Ces deux couleurs qui nous rappellent celle de l’encre noire défilant sur les pages blanches d’un carnet de voyage. Un carnet rempli d’écrits sur l’amour, l’ardeur de certaines douleurs et la beauté infinie des paysages arpentés.  

 

« J’ai envie d’écrire sur l’amour, je crois, et sur ce que j’ai appris. » Une envie certaine de propager de la douceur aux autres et à soi moi-même. D’abord en diluant une sélection de souvenirs dans les bassins d’une chambre noire. L’impression d’y trouver de nouvelles images, de nouveaux récits. Puis cartographier le paysage et ses souvenirs grâce à la broderie, cette fois-ci en couleur. Déborder du cadre photographique pour laisser cours à de nouvelles interprétations. 

 

Parmi ces paysages, un bleu (in)visible qui les traverse. Celui du ciel, de l’eau et des reflets de la neige. Le désir de plonger tête première dans cet excès de bleu doux au travers de cyanotypes renversant l’image négative en une positive. Un amas de bleu comme une longue pièce de blues. Ainsi se déploie un projet dans une quintuple lenteur : celle des longues randonnées en montagne, du travail photographique en chambre de noir, de la délicatesse de la broderie, de la réaction lente du cyanotype et finalement, des moments partagés ici et maintenant. Une lenteur qui se froisse au bouillonnement de réflexions internes qui s’inscrivent en extension des œuvres, sur des morceaux de papier. Des fragments d’un récit amoureux non linéaire et d’une quête commune de douceur. Ici, le temps ralentit, puis s’arrête. 



Climbing mountains 

It all starts with a solo trip through the Swiss Alps. The hope of climbing mountains and leaving everything else behind. The accumulation of a hundred black and white pictures. These two colors which remind us of black ink running across the white pages of a travel book. A book filled with writings on love, the ardor of certain pains and the infinite beauty of the landscapes surveyed.

 

« I feel like writing about love, I think, and about what I’ve learned. » A clear desire to spread softness to others and to one self. First by diluting a selection of memories into the pools of a darkroom. The impression of finding new images, new stories. Then by mapping the landscape and its memories through embroidery, this time in color. Going beyond the photographic frame to pave the way for new interpretations. 

 

Among these landscapes, an (in)visible blue that crosses them. Reminiscing the sky, the water and the reflections of the snow. The desire to dive head first into an excess of soft blue through cyanotypes turning the negative image into a positive one. A mass of blue like the soundtrack of a blues song. Thus unfolds a project in a fivefold slowness: that of long hikes in the mountains, of time spent in the darkroom, of delicate embroidery, of the slow reaction of the cyanotype and finally, of moments shared here and now. A slowness that is crumpled with the effervescence of internal thoughts taking shape as extensions of the works, on pieces of paper. Fragments of a non-linear love story and a common search for softness. Here, time slows down, then stops.