Folklore for Gentle Beasts

After spending nearly two and half years working in a wildlife rescue centre (and growing up around animals of all kinds), I learned to meet the unfortunate inevitabilities of pain, injury and death with an emotional rigidity that I was not familiar with. Reactive empathy, crying and feeling so intensely debilitated by the pain that the animals had to endure was a far more familiar response to me, but ultimately, became too painful to grieve them individually, for the urgency of care was far too critical. Continuity came with the brutal,  ye beautiful reminder of our similarities. We encounter the fervent curiosity and creativity with which babies engage with the world, relate to their sense of lose when their companions die. We can understand and empathize with their visceral feelings of pain or fear. And then, somehow, we understand the mother raccoon who preferred to eat her own newborn babies rather than raise them in a cage as a metaphor for care, because in those instances, our ‘animal’ isn’t so far away from theirs.

Seldom understood within the contextualization human consciousness is the reality that our consciousness is far from universal. We’re taught anthropomorphism as something reductive, a literary device, as opposed to a framework for seeing and understanding the universality of creativity, trauma, love, curiosity etc. Language and literature teach us that “homo homini lupus”, Man is wolf to Man, reducing wolf behaviour to primitive archetypes of violence. Yet, the complex social systems of wolf packs very much resemble our own: vicious hierarchies, rigid structures and aggression as self-preservation interlaced with tenderness and nurture of pack members. Humans cannibalize each other through hierarchical systems and institutions of greed, but also nurture and care for each other within small more intimate groups. As is conflict and trauma, nurture is fundamental to human and non-human animals alike. Hurt and care, then, exist on the same colliding yet conflicting spectrum of nurture within which nature is both a warm embrace and a violent parent. In this context,  À L’Abri du Cannibale as a collection of works explores the epistemologies and semiotics of caring through the visceral, natural landscape of the animal. The lore of abject and the gentle bodies inhabit familiar mythologies and allegories of parent-child relationships, of grief and of growth. The hybrid body is equally as self reflexive and self-referential in its grief and its nostalgia as it is a space wherein the folklores of care are imagined and recounted in their multiplicities. Liminal and dichotomous each work navigates the frail partitions between tenderness and violence, grotesque beauty and alluring abjection. 

À L’Abri du Cannibale 

Folklore for Gentle Beasts 

 

Après avoir passé près de deux ans et demi à travailler dans un centre de secours pour animaux sauvages (et avoir grandi au contact d’animaux de toutes sortes), j’ai appris à faire face aux malheureuses inévitabilités de la douleur, des blessures et de la mort avec une rigidité émotionnelle qui ne m’était pas familière. L’empathie réactive, les pleurs et le sentiment d’être intensément débilitée par la douleur que les animaux devaient endurer étaient des réactions qui m’étaient bien plus familières, mais en fin de compte, il était trop douloureux de les pleurer individuellement, car l’urgence des soins était bien trop critique. La continuité est venue avec le rappel à la fois  beau et brutal de nos similitudes. Nous sommes confrontés à la curiosité fervente et à la créativité avec lesquelles les bébés s’engagent dans le monde, et nous nous sentons perdus lorsque leurs compagnons meurent. Nous pouvons comprendre et éprouver de l’empathie pour leurs sentiments viscéraux de douleur ou de peur. Et puis, d’une certaine manière, nous comprenons la mère raton laveur qui préfère manger ses propres nouveau-nés plutôt que de les élever dans une cage, comme une métaphore des soins, parce que dans ces cas-là, notre « animal » n’est pas si éloigné du leur.

Dans le cadre de la contextualisation de la conscience humaine, on comprend rarement que notre conscience est loin d’être universelle. On nous enseigne l’anthropomorphisme comme quelque chose de réducteur, un artifice littéraire, par opposition à un cadre permettant de voir et de comprendre l’universalité de la créativité, du traumatisme, de l’amour, de la curiosité, etc. La langue et la littérature nous enseignent que « homo homini lupus », « l’homme est le loup de l’homme », réduisant le comportement du loup à des archétypes primitifs de violence. Pourtant, les systèmes sociaux complexes des meutes de loups ressemblent beaucoup aux nôtres : hiérarchies vicieuses, structures rigides et agressivité comme moyen d’auto-conservation entrelacée de tendresse et d’éducation des membres de la meute. Les humains se cannibalisent les uns les autres par le biais de systèmes hiérarchiques et d’institutions cupides, mais ils se nourrissent et prennent soin les uns des autres au sein de petits groupes plus intimes. Tout comme les conflits et les traumatismes, cultiver et soigner sont fondamentaux pour les animaux humains et non humains. Les blessures et les soins existent donc sur le même spectre conflictuel de cette tendresse, dans lequel la nature est à la fois une étreinte chaleureuse et un parent violent. Dans ce contexte, À l’Abri du Cannibale en tant que collection d’œuvres, explore les épistémologies et les sémiotiques du soin à travers le paysage viscéral et naturel de l’animal. La tradition des corps à la fois abjects et doux habite les mythologies et allégories familières des relations parents-enfants, du deuil et de la croissance. Le corps hybride est tout aussi auto-réflexif et auto-référentiel dans son chagrin et sa nostalgie qu’il est un espace où les folklores du soin sont imaginés et racontés dans leur multiplicité. Liminaire et dichotomique, chaque œuvre navigue entre les fragiles cloisons qui séparent la tendresse de la violence, la beauté grotesque de l’abjection séduisante.