Ce qu’il en reste : Comment se rappeler de ce qu’il y a eu ?

« Ce qu’il en reste » est un projet pluridisciplinaire qui s’intéresse à la conservation et à la commémoration des lieux vivants et des espaces communs qui se transforment drastiquement autour de nous. Au printemps 2022, le lot #5844021 était une plantation de pin rouge et fut coupé à blanc. Cet événement m’a profondément marqué et m’a poussé à vouloir dénoncer des actions touchant gravement les espaces naturels par le biais d’œuvres sculpturale et picturale. Ces modifications violentes m’entrainent dans un processus de deuil qui est réinvesti dans ce projet aux avenues réparatrices et commémoratives. J’ai voulu me rappeler de la beauté qu’il y a et qu’il y a eu juste ici, autour de nous. 

 

Tout d’abord, la pièce sculpturale intitulée : « Ce qu’il en reste : comment capter le réel » a pour tâche de capter des échantillons représentatifs d’un lieu. Agissant comme une sonde, elle témoigne de la disparition d’un lieu. Elle se présente comme un atelier roulant où s’accrochent des outils de ramassage et de nettoyage qui servent à une éventuelle performance. Ces outils donnent de l’importance à des déchets volatils pour qu’un souvenir émane. Ce souvenir permet de créer une arborescence de symboles et de signes qui forme un récit passé, un narratif incertain, mais présent. Dans l’esthétisme du débris, ces artefacts mis en relation forment un portrait de ce que nous avons laissé derrière nous et de ce que nous sommes. 

 

D’autre part, l’aspect commémoratif s’intègre dans la pièce sculpturale : « Ce qu’il en reste : comment se rappeler de ce qu’il y a eu ». L’abri, forme de tombeau, de sarcophage, contient des artefacts précis. Ce lieu de recueillement accueille diverses réflexions autour du concept de restauration, de réparation, de l’éthique du « Care » et de « prendre soin ». De plus, la documentation vidéo sert de support pour mettre en évidence son caractère performatif et son installation dans le réel. La mise en espace peut prendre plusieurs formes afin que le projet entre en dialogue avec le lieu d’exposition soit par sa documentation ou sa version sculpturale. Ainsi, l’idée d’un projet en chantier évoque encore une fois l’idée de processus. 

 

Le projet « Ce qu’il en reste » est une nécessité, dans un quotidien qui avance et évolue toujours plus rapidement, l’action et la réaction sont parfois impossibles à ces changements drastiques qui s’opèrent. « Ce qu’il en reste » est donc une manière de me souvenir, de nous souvenir de ce qu’il y a eu. La mémoire collective qui en ressort est une arme réactionnaire et intouchable. Les souvenirs associés à des lieux précis doivent pouvoir persister dans le temps pour continuer de faire vivre ces lieux communs. Ces souvenirs peuvent être présentés sous formes écrites, sculpturales ou picturales. C’est par souci de créer une mémoire que le projet « Ce qu’il en reste » se déploie.